Rapport CNESCO

Je veux tout d’abord souligner la grande qualité de votre travail et dire combien notre système scolaire, les enseignants, les enfants, les jeunes, les parents, la gouvernance de l’éducation nationale ont besoin de vos travaux et auront encore besoin de vos travaux.

Evaluer, écouter, comprendre, chercher ensemble ce qui permet la réussite de tous les enfants, voilà la source de vos missions ; je m’en félicite vraiment car je veux croire qu’avec de tels travaux effectués sur nombre d’années, notre école petit à petit va permettre vraiment à tous les enfants de réussir.

Vous le savez lorsque je parle de la réussite de tous, j’ai un attachement tout particulier aux enfants des familles, dites les familles les plus éloignées de l’école. Ces familles qui ont une vie quotidienne très difficile, qui vivent dans la pauvreté ou même la grande pauvreté, celles qui parfois ont des contacts rudes avec les enseignants, avec l’institution. Ces mêmes familles qui croient très fort dans les capacités de l’école à offrir un avenir meilleur à leurs enfants.

Les enfants de ces familles sont 3 millions dans notre système scolaire, ils sont encore beaucoup trop souvent massivement orientés dès le plus jeune âge vers les filières spécialisées, voir vers les filières du handicap.

Je n’ai aucun à priori contre les filières spécialisées ni celles du handicap, si celles ci permettent vraiment à tous les enfants et tous les jeunes de développer leur intelligence à égalité des possibilités offertes aux autres jeunes.

Un premier pas a été franchi par Madame la ministre en supprimant le volet social pour l’orientation des jeunes en SEGPA, je tiens à le souligner ici.

Des travaux de chercheurs, dont ceux de l’Université de Poitiers, ont porté sur « La construction scolaire de la déficience intellectuelle » ; ils démontrent combien notre école dans une réelle volonté de bien faire, en proposant des chemins plus simples, en proposant des voies toujours plus médicalisées, toujours plus « assistées » … cette surmédicalisation qui ne cesse de croitre depuis 10ans, cette orientation dès le plus jeune âge est un vrai gâchis humain d’intelligence.

Ces enfants nés dans des familles défavorisés partent avec un handicap celui de la pauvreté matérielle et intellectuelle, l’école leur offre un parcours de handicapé de la pauvreté.

Ainsi cette enfant de 10ans orientée en CLIS, Classe pour l’Inclusion Scolaire, qui nous dit « Je vais prouver au directeur que je ne suis pas handicapée. Je veux juste apprendre à mon rythme. »

En lisant votre rapport, vos différents travaux je me prends à rêver … le CNESCO pourrait s’emparer de cette question, évaluer le système scolaire à partir des enfants qui en sont les plus exclus, mesurer les progrès de l’école française à partir des enfants qui en sont les plus exclus, qui ont le plus de mal. Un chiffre vient d’être publié montrant que le nombre de « décrocheurs » a baissé ; je m’en réjouis, mais de quels décrocheurs parlons nous ? De ceux qui étaient les « plus faciles » à récupérer ou de ceux qui étaient les plus enfoncés ? Car nous le savons une politique publique qui prend en compte en premier ceux qui sont les plus enfoncés permet vraiment à tous de progresser.

Je termine ainsi mon propos,

J’ose lancer ce défi au CNESCO évaluer oui, c’est tellement important.

Mais évaluer à partir de celui qui a le plus de mal pour permettre réellement la réussite de tous.

Je compte sur vous.

A propos mariealeth

Présidente du Mouvement ATD Quart Monde France
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