Notre système scolaire est terriblement inégalitaire

Notre système scolaire est terriblement inégalitaire, la France de l’échec à l’école est, dans son immense majorité, issue des catégories sociales défavorisées. Cela résulte, pour partie, de l’organisation de notre système éducatif.

 

Membre du Conseil économique, social et environnemental (CESE), j’ai pu aller à la rencontre d’écoles et de collèges où la réussite de tous est déjà en marche, dans le cadre de la préparation de l’avis du CESE, « Une école de la réussite pour tous », présenté en mai 2015.

Ce document décrit les parcours scolaires d’enfants de milieux très défavorisés. Ils sont édifiants : aucun enfant n’a un parcours « normal », l’un passe par des filières spécialisées, l’autre par celle du handicap, très peu d’entre eux sortent de l’école avec le moindre diplôme.

Dans les sections d’enseignement général et professionnel adapté, les filières pour les élèves les plus en difficulté au collège, on trouve 84 % d’enfants issus des milieux populaires (ouvriers, employés, sans profession) et moins de 2 % d’enfants de cadres et d’enseignants. Ils sont 72 % en classes d’intégration scolaire, à l’école élémentaire. Cette situation est insupportable.

Des chercheurs en éducation, des sociologues (entre autres Agnès van Zanten, Stéphane Bonnéry, Sylvain Connac, Jean-Yves Rochex…) l’ont montré dans leurs travaux : mettre à part les enfants qui présentent des difficultés scolaires leur est totalement dommageable. Les mélanger aux autres enfants ne fait pas du tout baisser le niveau des meilleurs et permet aux plus en difficulté d’être entraînés, soutenus dans leurs apprentissages.

L’avis du CESE avance 59 préconisations pour que l’école, conformément à la loi de refondation de l’Ecole de la République de juillet 2013, soit inclusive, c’est-à-dire qu’elle s’adapte et respecte l’élève, le rythme et l’autonomie de chacun.

Gouvernance bienveillante et exigeante

Tous les enseignants que nous avons rencontrés dans les écoles et les collèges où la réussite de tous est déjà en marche sont soucieux d’avancer ensemble, de comprendre les élèves, afin de n’en laisser aucun sur le bord du chemin. Le travail en équipe des professeurs est un élément fondamental pour l’école de la réussite de tous.

La formation initiale et continue des enseignants à la connaissance des différents milieux sociaux nous paraît également très importante. Tant d’enfants, de jeunes, sentant trop de différences entre ce qu’ils vivent chez eux et ce qu’ils vivent à l’école, sont bloqués dans leurs apprentissages.

Les relations parents-professeurs sont essentielles pour permettre à l’enfant d’apprendre, et au père, à la mère et à l’enseignant d’être reconnus chacun dans son rôle d’éducateur. La formation à la connaissance des différents milieux sociaux permettra aux professeurs de mieux comprendre les élèves de leur classe, ce qu’ils vivent au quotidien, leurs réactions et leurs questions.

Enfin, nous l’avons constaté, toutes les pédagogies ne permettent pas la réussite de tous les enfants. Nous recommandons celle de la coopération, qui permet davantage de solidarité, d’écoute de l’autre et développe la confiance en soi, ainsi que la pédagogie différenciée adaptée au niveau de chaque enfant.

L’école de la réussite de tous n’essaimera sur tout le territoire que si elle bénéficie d’une gouvernance bienveillante et exigeante. Mais si le travail en équipe est un des leviers de la réussite de tous, l’inspection individuelle ne peut permettre à elle seule d’évaluer un enseignant. Les directeurs et chefs d’établissement, les inspecteurs, sont les animateurs des équipes pédagogiques. Ce sont eux qui peuvent impulser, encourager, en bref permettre d’oser.

A propos mariealeth

Présidente du Mouvement ATD Quart Monde France
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