Pour des élèves en meilleure santé !

Pour des élèves en meilleure santé

Monsieur le Président, Chers Collègues,

Vous souvenez-vous de la visite médicale que nous passions à l’école élémentaire ? Elle permettait de dépister des problèmes aux yeux, aux dents, que sais-je encore …

Or, aujourd’hui, des milliers d’enfants qui en auraient tant besoin n’en bénéficient pas, faute de médecins ou d’infirmières !

En Seine-Saint-Denis, le département où la population est la plus pauvre de France métropolitaine, c’est la moitié des postes de médecin scolaire qui ne sont pas pourvus.

À Mayotte, les statistiques montrent que 24 % seulement des élèves âgés de 5‐6 ans ont bénéficié d’un bilan de santé. Le projet d’Avis constate que « l’état sanitaire des élèves est donc, pour une partie de ceux-ci, un frein à leur réussite scolaire».

Globalement, pour les 10 millions d’élèves de l’enseignement public, on ne compte que 1100 médecins scolaires, c’est-à-dire un seul médecin pour plus de 9 000 élèves !

Tous les enfants, bien sûr, pâtissent de cette situation. Mais plus encore les 3 millions issus de familles qui vivent sous le seuil de pauvreté. Et combien plus encore ceux (1, 2 million) qui connaissent avec leurs parents la grande précarité.

Imagine-t-on ce que représente pour des enfants de ne pas faire trois vrais repas par jour, de passer, pour certains, de chambre d’hôtel en chambre d’hôtel, de ne pas avoir les habits appropriés pour le sport, de ne pouvoir consulter un médecin aussi facilement que d’autres ?

« A l’école, nous dit cette enseignante, des enfants viennent le matin le ventre vide et se sentent mal. Lorsque nous faisons des sorties de fin d’année, certains n’ont pas de pique-niques. »

« Il faudrait, nous dit ce médecin scolaire, prendre le temps lors d’une consultation avec un enfant qui vit une situation de grande précarité, pour le mettre en confiance, lui permettre d’exprimer vraiment ses questions. Et ce temps, nous ne l’avons pas ou tellement rarement. »

La santé des enfants, de tous les enfants, est une condition clé de leur réussite à l’école. Dès lors, comment peut-on accepter qu’en 2018, en France, des milliers d’écoliers ne voient jamais un médecin ou une infirmière ? Comment est-il pensable qu’en de nombreux lieux, aussi bien en métropole qu’à Mayotte, des enfants et des enseignants ne puissent bénéficier de sanitaires dignes de ce nom ? Pourquoi manque-t-on de consultations, avec les parents associés comme les premiers éducateurs, où l’on peut dépister, dès le plus jeune âge, les ennuis de santé qui vont contrecarrer une entrée sereine dans les apprentissages ?

Devant la gravité de l’état des lieux présenté par cet Avis, j’aurais vraiment souhaité qu’il soit plus incisif, qu’il aille plus loin dans ses préconisations. Je le voterai toutefois car il représente un premier pas important.

A propos mariealeth

Présidente du Mouvement ATD Quart Monde France
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