Aide Sociale à l’enfance

Monsieur le Président, Chers Collègues, Cher Antoine,

Si le texte de l’Avis est engagé sur certains points : comme le soutien à la sortie de l’ASE pour les jeunes, et j’en remercie le rapporteur.

Je ne peux que regretter que n’ayons pas eu le temps de traiter avec soin deux sujets d’une telle importance. Il s’agit bien là de l’avenir de milliers de jeunes dans notre pays.

Les situations, les parcours des enfants, des jeunes à l’Aide Sociale à l’Enfance sont diverses, mais jamais faciles. Certains sont placés de façon tout à fait justifié, car face aux violences parentales il faut agir sans tarder ; d’autres connaissent avec leurs parents une vie d’errance, de grande pauvreté et trop souvent encore dans notre pays, des enfants sont retirés à leurs parents parce qu’ils vivent dans la grande pauvreté. Nous n’avons pas de chiffres mais je peux ici en témoigner, ils sont encore beaucoup trop nombreux, et ces longues années de placement en foyer ou en famille d’accueil marquent durablement le jeune, marquent durablement également les parents qui peinent à garderle lien avec leur enfant, qui obtiennent très rarement le suivi de la scolarité de leur enfant, qui parfois sont tenus de voir leur enfant lors d’une visite hebdomadaire ou mensuelle « médiatisée ».

Ainsi Gisèle, maman d’un garçon de 8ans : « Je vois mon fils une fois par mois en « visite médiatisée », ça veut dire que le temps de la visite je ne suis jamais seule avec lui, il y a toujours un professionnel qui est présent. C’est comme si j’allais rendre visite à mon fils dans le parloir d’une prison. C’est dur, très dur. Chacun de mes gestes est regardé. J’ai toujours l’impression d’être une mauvaise mère, et quand il faut partir c’est difficile de quitter mon fils pour lui et pour moi. »

Le nombre de jeunes sortant de l’Aide sociale à l’enfance à 18ans sans projet, sans formation, sans logement, sans repères est indécent, inacceptable. Comment imaginer que des enfants, des jeunes qui sont guidés de service en service, de famille d’accueil en famille d’accueil soient tout à coup à même à 18ans d’avoir un projet de vie ?

Savez vous que chaque année l’état dépense plus de 70 Millions d’€ pour les étudiants de classes préparatoires soit 840€ par élève, dans les quartiers défavorisés où les élèves ont plus de difficultés l’état dépense 300€ par élève, et pour les jeunes qui sortent de l’ASE avec un parcours si compliqué on ne trouve pas l’argent pour les accompagner le temps nécessaire … N’y a t il pas là une solidarité à l’envers dans notre pays ? Nous ne pouvons laisser sur le bord du chemin des milliers de jeunes chaque année si nous voulons une société où l’égale dignité de tous est effective.

Je voterai cet Avis.

A propos mariealeth

Présidente du Mouvement ATD Quart Monde France
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