Quand un peuple parle. Extrait N° 7

Quand un peuple parle. ATD -Quart Monde un combat radical contre la misère

Editions La Découverte

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Droits des pauvres, pauvres droits.

Quand des droits sont accordés à la « catégorie » des plus démunis, ils sont entachés de trois défauts rédhibitoires. D’une part ils renforcent les préjugés selon lesquels ces personnes ne sont pas tout à fait comme les autres. D’autre part, inévitablement, cette spécificité finit par induire des traitements différents. L’assertion d’égalité lors de la ségrégation dans le Sud des Etats-Unis (« séparés mais égaux ») était une belle tentative pour cacher le mépris qui sous-tendait les lois, mais ne résistait pas à l’examen : ceux qui étaient séparés n’étaient pas considérés de manière égale. Les êtres qui se croient supérieurs finissent par ne plus savoir que les autres souffrent d’un traitement différent et considérer que chacun est bien à sa place. Beaucoup de Blancs après l’apartheid en Afrique du Sud ont affirmé qu’ils n’avaient pas eu connaissance des souffrances dues au traitement inhumain infligé aux Noirs, tant leurs circuits de vie étaient séparés. Troisièmement, si de tels droits spécifiques sont un jour remis en question sous l’effet d’une politique réactionnaire, les majorités ne se mobilisent pas pour les défendre, puisqu’elles ne sont pas directement touchées par ce recul. Ainsi des droits spécifiques gagnés dans des moments historiques de générosité sociale disparaissent à la première attaque, parce qu’ils ne sont pas des droits de tous.

Le combat pour la Couverture Maladie Universelle montre qu’un droit doit être pour tous

(…)

La tentation des associations pour le sous droit

On pourrait raconter de la même manière notre bataille pour le Droit au logement opposable et notre insistance incessante pour que le droit au logement soit la demande première des associations de lutte contre le mal logement, et non pas le droit au seul hébergement. Continuer la lecture

Quand un peuple parle extrait N° 6

Quand un peuple parle– ATD Quart Monde, un combat radical contre la misère.

Editions La Découverte

 

Rétablir la réciprocité.

« Pourquoi as-tu encore accepté ces vieilles chaussures pourries ? Des vieilles chaussures, on en a plein »

« Tu sais, je ne peux pas leur dire non, parce que si on leur refuse et qu’un jour on a besoin d’eux, ils ne voudront plus nous aider. »

Les bienfaiteurs de la famille Wresinski provoquaient ce genre de propos entre le petit Joseph et sa mère. Plus tard, Joseph Wresinski dira qu’il s’agissait là de relations de bienfaiteurs à obligés. « Quand ils venaient chez nous, ils nous saluaient bien, mais quand on les croisait au centre ville, ils ne nous disaient pas bonjour, ils ne nous connaissaient plus… Quand j’allais servir la messe chez les sœurs à 5h du matin, pour qu’elles nous donnent de la soupe, je criais de rage, les poings serrés dans les poches. » Il a osé dire ce que ressent celui qui dépend du bon vouloir des autres…. « Ma mère n’avait que des bienfaiteurs, elle n’avait pas d’amis. » En cela il a profondément bousculé la hiérarchie qui met le donateur au dessus du bénéficiaire, habitude ancestrale qui fait que même dans la gouvernance mondiale, à l’ONU, les pays sont classés en deux catégories : pays donateurs et pays bénéficiaires. Et dans cette autre instance de gouvernance (la plus puissante) qu’est le Fonds Monétaire International (FMI), le droit de vote est fonction de la contribution financière. « Autrement qu’aider » tel était le titre d’une tournée de conférences de mon ami et collègue volontaire d’ATD Quart Monde, Jean Claude Caillaux. Malgré toutes ses explications sur la nature de notre Mouvement, qui n’est pas caritatif, le public lui demandait invariablement : « Vous n’avez pas dit ce que vous donniez aux gens. » Se pencher vers le pauvre et lui donner une aumône est une attitude vieille peut-être comme le monde. En tout cas, le code d’Hammourabi, première loi écrite connue, avait déjà prescrit ce que nous devions donner aux démunis, indiquant par là-même que ces démunis ne font pas partie du « nous » qui concevons une telle loi.

Il y a quelques années j’avais rendez-vous avec une association caritative pour éditer un journal commun en vue des élections, « Paroles de sans voix ». J’y allais avec Martine Le Corre, une collègue de l’équipe nationale, militante Quart Monde. Juste avant d’entrer, elle Continuer la lecture

Quand un peuple parle – extrait N° 5

Quand un peuple parle

ATD Quart Monde, un combat radical contre la misère

Bruno Tardieu.

Edition La Découverte. Sortie le 3 Septembre 2015

extrait N° 5

Quand tout vous fait taire

« C’est par son silence qu’un peuple appelle au combat » écrit Wresinski. C’est un de ses paradoxes qui ouvrent la pensée et l’action. De fait deux conséquences de ce silence m’ont mobilisé. Le gâchis de l’intelligence des pauvres fut ma première mobilisation, et celui du gâchis de l’intelligence des citoyens qui ne vivent pas la misère m’a saisi plus récemment. Voir à 19 ans des enfants drôles, manifestement intelligents, me battre aux échecs pendant ma thèse de maths et pourtant échouer à l’école, fut comme le grain de sable qui fit ‘dérailler mon TGV’. S’ouvrait un nouveau champ de recherche dont je ferai partie moi-même. Je finis par comprendre que devoir se taire finit par amener les gens à douter de leurs cinq sens et de leur intelligence. Daniel Mendocha, militant Quart Monde, membre de la délégation qui rencontrait les candidats à l’élection présidentielle de 2007, expliquait ainsi son échec scolaire et l’échec scolaire massif des enfants pauvres : « A l’école, pour qu’on ne se moque pas de moi, je ne disais rien, je ne posais jamais de questions. Comme ça je ne montrais pas que je ne savais pas. Mais ça ne m’a pas aidé. » Chez moi, poser des questions était valorisé, c’était le summum. Mon père adorait provoquer mes frères ainés élèves ingénieurs en leur posant des questions. S’en suivaient des débats qui nous réjouissaient beaucoup. Ne pas comprendre et vouloir savoir étaient pour moi des moteurs puissants. Pour les enfants des familles défavorisées, poser des questions est une honte, un risque insoutenable. Dès le plus jeune âge, l’insécurité cognitive s’installe dans leur esprit.

Alors que la séance de bibliothèque de rue allait bon train, des enfants installés sur un trottoir dans le quartier East New York de Brooklyn illustraient une encyclopédie par des peintures, et des textes tirés d’expériences vécues ou de livres étaient enregistrés dans la mémoire d’un petit ordinateur alimenté par une longue rallonge orange chez Maria Rosado. C’était sur le thème des animaux. Des débats écrits avaient déjà eu lieu entre les quartiers sur les abeilles, à partir des articles de l’encyclopédie : pourquoi piquent-elles ? Continuer la lecture

Quand un peuple parle — extrait N° 4

Quand un peuple parle

ATD Quart Monde, un combat radical contre la misère

Bruno Tardieu.

Edition La Découverte. Sortie le 3 Septembre 2015

extrait N° 4

Les pauvres, fauteurs de violence ?

 

Lors d’une conférence à Boston, en 1996, Elliot Mishler, professeur de psychologie à Harvard, m’a questionné sur le fait que je n’avais pas évoqué une seule fois la violence dans mes propos. Je fus saisi par sa remarque, et je me défendis en disant que j’avais reconnu la misère comme une violation des droits de l’homme. Ma réaction intérieure immédiate était autre : une réticence. Lier misère et violence produit un effet immédiat : oui, « ils » sont violents, d’ailleurs il ne faut pas aller dans tel quartier, c’est dangereux. « Je ne veux pas que vous parliez de votre action aux enfants du lycée français, car je me dois de les protéger de tout ce qui est sexe, drogue et violence. » Cette réponse d’une proviseure d’un lycée de bonne réputation, suivie de la demande pressante que je sorte de son bureau, me marqua au fer rouge. Quoi ? Parler des enfants de la bibliothèque de rue, rapporter les histoires si drôles et fines qu’ils racontent, chercher à faire des liens entre eux et les enfants de ce quartier aisé de New York, tout cela m’était interdit ? Monica, Bridget, Luis, Chris faisaient-ils peur à cette grande institution aux murs épais ? De quoi s’agit-il ? Christine Durand Ruel, une cousine parent d’élève au lycée français, imposa que la proviseur me reçoive de nouveau, et le lien se créa : les enfants surprotégés furent touchés, et non pas emportés par des orgies de sexe, de drogue et de violence. Se protéger, s’isoler, se distancier volontairement du pauvre considéré comme violent va très loin. On peut dire que la sécurité est aujourd’hui le sujet majeur des dirigeants. Les murs montent un peu partout. Se protéger est le plus grand business du monde. Et à Port au Prince, après le tremblement de terre, nos équipes sur place depuis 30 ans étaient situés derrière la ligne rouge, ligne au-delà de laquelle aucun officiel, aucun secours n’était autorisé à aller, « pour raison de sécurité. »

Quand, lors de la programmation-évaluation de 2007, après le succès de l’appel « refuser la misère un chemin vers la paix » et devant les questions de fond qu’il soulevait, le Mouvement décida de concentrer ses forces d’expertises pour approfondir le lien entre misère et violence. Les réticences furent fortes. Martine Lecorre, militante permanente d’ATD Quart Monde et une des pilotes de l’ensemble de la recherche, s’en explique dans son introduction au Colloque international conclusif à l’UNESCO, le 26 janvier 2012 : Continuer la lecture

Quand un peuple parle — Extrait N° 3

Quand un peuple parle

ATD Quart Monde, un combat radical contre la misère

Bruno Tardieu.

Edition La Découverte. Sortie le 3 Septembre 2015

extrait numéro 3

La notion d’exclusion sociale, racine anthropologique de la misère

 

En 1966 le Père Joseph fait un voyage aux Etats-Unis où Mary Rabagliati et Bernadette Cornuau, volontaires permanentes d’ATD Quart Monde, avaient été invitées par Lloyd Ohlin, universitaire dirigeant les programmes de la « Guerre contre la pauvreté » lancés par le Président Johnson. Leur mission est de soutenir les démarches d’évaluation des actions du point de vue des populations concernées. Bernadette Cornuau en concevra une approche de la conduite de l’action, fondera par la suite l’institut de l’action du Mouvement qui a piloté avec rigueur nombre de projets-pilotes, d’actions- recherches et la stratégie globale du Mouvement, basée sur l’évaluation avec les populations. Le Père Joseph trouve beaucoup d’inspirations lors de ce voyage, en particulier en ce qui concerne les pré-écoles selon le programme Head Start, qui donne « une longueur d’avance » aux enfants des quartiers les plus défavorisés avant qu’ils n’arrivent à l’école. Le retard pris par les tout-petits à cause de la vie chaotique de la misère est une injustice criante. Il fut séduit par le pragmatisme estimant qu’un effort centré sur les tout-petits aurait un effet majeur sur la transmission de la misère. Ce programme prouva son efficacité par une évaluation massive en 1988 avec les adultes passés par ces petites écoles 40 ans plus tôt[1], qui a permis de contredire le Reaganisme dominant, affirmant que l’intervention des pouvoirs publics est chère et inutile : « Le gouvernement n’est pas la solution, il est le problème » répétait-on. Même s’il aima le sens de l’action et l’énergie du peuple américain et s’il fit des sciences de l’action des chercheurs américains un des piliers du Mouvement, le Père Joseph revient de ce voyage dans une profonde dépression. Il a le sentiment que la « guerre contre la pauvreté » lancée par cet Etat puissant ne viendrait pas à bout de la misère. La condition des Noirs et des Portoricains qu’il rencontre l’atteint profondément. Le mépris qui les écrase semble irrésistible, le rapport des forces politiques et économiques entre puissants et pauvres disproportionné. Il faudra aller chercher plus loin les racines de la misère, dans les fondements de l’être humain et de la civilisation. Continuer la lecture

Quand un peuple parle. Extrait n°2

Quand un peuple parle

ATD Quart Monde, un combat radical contre la misère

Bruno Tardieu.

Edition La Découverte. Sortie le 3 Septembre 2015

 

Extrait N°2

 

Un jour, Mary Rabagliati devinant que je venais de vivre une expérience cuisante réussit à me la faire raconter. Dans l’hôtel pour sans abris – 120 chambres, une famille par chambre payée par les pouvoirs publics, une vraie bombe à retardement — où nous avions obtenu de faire la bibliothèque dans le lobby de l’hôtel, une autre association avait voulu faire une foire à la santé. Nous avions accepté de les soutenir et de collaborer. Mais alors que la bibliothèque de rue avec ses fantaisies, ses beaux livres et ses pinceaux, amenait plutôt la paix dans le lobby de l’hotel, cette foire à la santé n’avait amené que de la tension négative : distribution de tracts contre le tabac, contre la drogue, contre le sida, contre le sexe non protégé, contre la violence domestique, tout le monde était de plus en plus énervé. Les enfants devenaient comme fous et je ne les reconnaissais pas. J’en pris un par le bras qui courrait sur les livres. Sa mère, que j’estimais profondément, m’insulta devant tout le monde, me traitant d’envahisseur, qu’elle n’avait besoin de personne etc. J’étais humilié. Mary repris doucement « Tu vois, dans tout ce monde qui avait envahi ce hall avec leurs injonctions et leur morale, et qui l’a énervée, tu étais sûrement le seul qu’elle connaissait, et qu’elle a osé engueuler. » Je fus libéré d’un coup. Être les seuls que les offensés de la misère peuvent engueuler, c’est là une bonne définition de ce volontariat.

Chacune de ces co fondatrices, comme Mary, est une référence pour moi. Continuer la lecture

Quand un peuple parle. Extraits.

Quand un peuple parle.

ATD Quart Monde, un combat radical contre la misère.

Bruno Tardieu, Editions La Découverte

 

extrait numéro 1

Pourquoi ce livre ?

Un jour, François Geze, fondateur des Editions La Découverte, demande à rencontrer des responsables d’ATD Quart Monde. Il nous dit qu’il regrette qu’ATD Quart Monde soit si mal connu, rangé dans la case ‘caritatif’, sa dimension de mouvement citoyen et politique et son questionnement intellectuel passant inaperçus. Il souhaite que sa maison d’édition publie un livre qui le fasse comprendre. Au fil des discussions, il finit par me proposer de le faire. Au cours de mes 40 années d’engagement avec ATD Quart Monde j’ai souvent partagé ce regret. De fait, ATD Quart Monde est né dans l’ombre, de la rencontre d’un homme né dans la misère avec la population d’un camp pour sans abris à l’écart de la cité. Là, ils se sont révoltés contre la misère comme déni d’humanité — non pas contre la pauvreté qui peut être choisie mais la misère qui isole et humilie. Loin des projecteurs, ils ont mis leurs contemporains au pied du mur de la nouvelle ambition de l’après guerre « d’une humanité libérée de la misère et de la terreur ». Et cette révolte n’a cessé de s’étendre depuis en France et dans le monde, sans pour autant être bien repérée par les milieux intellectuels et progressistes Français. ATD Quart Monde c’est pourtant aujourd’hui un Mouvement implanté dans 32 pays, mobilisant plus de 100 000 personnes très pauvres dans le monde et autant de citoyens d’autres milieux. Ce sont aussi des fruits tangibles, des paradigmes comme l’exclusion sociale, le Quart Monde, des avancées comme la loi d’orientation contre les exclusions, la CMU, le DALO, un apport remarqué dans la loi de refondation de l’école, en France et des avancées similaire à l’ONU et ses agences, le lien extrême pauvreté et droits humains, l’approche du développement par les droits humain pour ne plus éliminer les plus pauvres, ou encore la Journée mondiale du refus de la misère, rare espace de parole des plus démunis dans le monde.

A quoi est dû ce peu de visibilité de la signification politique d’ATD Quart Monde ? Peut être à la représentation commune de ceux qui vivent la misère comme des gens à assister, dont on ne doit rien attendre. Dès lors que la personne qui vit la misère est vue comme simplement un corps à couvrir, à nourrir, un mouvement né au milieu de la misère ne peut être qu’un mouvement caritatif. Qu’ATD Quart Monde s’aventure sur les terrains, politiques, culturels, citoyens, philosophiques, spirituels, épistémologiques, c’est par trop inhabituel pour être crédible. Continuer la lecture

année sabbatique

Après 8 années dans l’équipe de la délégation nationale France, j’ai eu la chance de vivre une année sabbatique pour me reposer, me ressourcer, retrouver les miens, faire des travaux chez nous et chez d’autres, lire, écrire, voyager. Nous avons pu passer 4 mois en Afrique du Sud à la rencontre des beautés et des combats de ce pays. Si cela vous intéresse nous avons fait, mon épouse et moi, un autre blog pour partager nos découvertes. https://genevieveetbrunoenafriquedusud.wordpress.com/

J’ai aussi répondu à une commande des Editions La Découverte d’écrire un livre qui explique à un large public la démarche citoyenne et politique d’ATD Quart Monde. Sur la suggestion d’un des relecteurs du livre, Jean Christophe Sarrot, et en accord avec la maison d’édition, je vais partager quelques pages de ce livre d’ici sa sortie début septembre (pages choisies par Jean Christophe Sarrot)

Le livre s’intitule

« Quand un peuple parle. ATD Quart Monde, un combat radical contre la misère »

 

 

Relire 8 ans comme délégué national ATD Quart Monde France

Recevoir la confiance et la redonner. Article de Feuille de Route Quart Monde. Juillet 2014

Après huit années comme Délégué national, Bruno Tardieu passe le relais à la nouvelle équipe.
D’où vient l’énergie que vous avez déployée pendant huit ans ?132_0200

On ressent une sorte d’honneur du fait que les familles très pauvres font confiance à notre Mouvement et à sa Délégation nationale. Nous héritons de la confiance qu’elles ont accordée à Joseph Wresinski parce qu’il avait la même expérience qu’elles de la misère. Leur confiance et leur courage donnent des ailes et créent de grandes exigences. C’est aussi avec une grande confiance que je passe le relais à la nouvelle équipe.

Comment concevez-vous le rôle de la Délégation nationale ?

Le risque est de devenir des décideurs. Je pense que le rôle de la Délégation nationale est en réalité plus de convaincre et de créer des accords que de décider. Créer un pouvoir d’agir collectif demande à tout le monde de bouger. C’est passionnant du point de vue de notre démocratie et de notre avenir à tous. J’ai été très ému pendant ces huit années de voir certaines personnes arriver à penser ensemble. Bien qu’elles soient en opposition sur des questions fondamentales, elles se retrouvaient autour de la conviction qu’exclure l’autre est contre nature. Continuer la lecture