Cela nous permet de discuter ensemble sur ce qu’on a vu et d’échanger.

Après des années d’atelier peinture, il est apparu comme une nécessité de se nourrir artistiquement, de créer à partir de ce que des artistes font, d’où l’initiative des sorties culturelles.

S’imprégner de tableaux de maîtres facilite la création.
De plus, certains participants aux ateliers ne quittaient pas leur arrondissement. C’est souvent très difficile de sortir, d’oser l’inconnu, de quitter le cocon de l’atelier, de s’ouvrir au monde.
C’est en même temps une chance de découvrir, d’apprendre.
Ces sorties au musée sont une vraie joie. Joie de voir régulièrement des personnes que l’on apprécie et connaît depuis des années. Joie aussi d’enrichir ses connaissances par le biais des conférenciers. Joie de constater que le regard change, et que ce que l’on « savait » s’est transformé. Joie de voir les œuvres sous un angle autre, parce que les questions, les commentaires sont variés, le groupe étant constitué de personnes aux cultures et vies différentes. Et joie enfin de se laisser surprendre, déconcerter, de voir certains se perdre là où ça semble si facile et d’exceller où l’on n’imaginerait pas.
Aussi, pouvoir participer, pour les bénévoles, au programme de médiation culturelle leur offre la possibilité de se former.

Assurer la continuité de ces sorties culturelles demande de l’énergie, de l’enthousiasme. Envoyer les invitations, les apporter aux ateliers, en parler, téléphoner, rappeler, motiver… et malgré tout, beaucoup d’absentéisme. Sans accompagnement, les personnes de l’atelier ne vont pas au musée.
Il nous faut être attentifs, en éveil de la confiance si difficile et de ce qui freine. Il nous faut apprendre à ne pas materner, à rester ou redevenir nous-mêmes, tout simplement. Lorsque les personnes ne vont pas bien, l’isolement s’amplifie. De plus, les sorties sont « risquées » et le regard des autres est parfois blessant. Plus l’on est en fragilité, plus ces regards fragilisent. En cela, les ateliers sont rassurants.
Dans certains musées, les personnes peuvent se perdre, physiquement, assez facilement.
Souvent, les lieux culturels sont centres de profit, avec leur cafétéria et autres boutiques. Une partie du bonheur est de se retrouver après la visite pour échanger autour d’une collation, mais peu d’endroits l’acceptent et l’hiver, nous sommes contraints de consommer, ce qui représente un coût.

Ces difficultés n’arrêtent pas l’envie de continuer et d’aller plus loin encore. Véronique Leblanc s’est beaucoup investie pour qu’il y ait un conférencier et choisit les visites en fonction des désirs, souhaits, mais aussi avec l’audace de passer de Beaubourg à Bourdelle, de quitter le côté confortable, de déstabiliser positivement.
Parfois, un atelier est inclus dans la visite, ce qui plaît beaucoup aux personnes.
C’est année, pour la première fois, il y a eu une sortie au théâtre, en soirée.

Une réunion par an, entre bénévoles d’Art et Partage, avec les personnes participantes, permet de faire un bilan, et de structurer l’année suivante. La variété de personnes amène aussi une diversité de choix, de lieux, de styles.

Ces sorties culturelles sont comme une parenthèse dans un quotidien souvent lourd à porter, une opportunité de laisser vivre en soi la sensibilité au Beau. Et de se retrouver, régulièrement, dans quelque chose de bon, ça grandit la rencontre et ça donne du sourire aux souvenirs.

Propos recueillis par Véronique CLERSON